Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Ankara, en Turquie, le 19 novembre 2025 ( AFP / Ozan KOSE )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a repoussé vendredi le plan américain visant à mettre fin à près de quatre ans d'invasion russe, salué au contraire par son homologue russe Vladimir Poutine qui a menacé de poursuivre les conquêtes en cas de refus.
Donald Trump a estimé que le 27 novembre, jour de la fête de Thanksgiving, était une date butoir "adéquate" pour recevoir une réponse sur ce texte de 28 points, qui reprend plusieurs exigences russes et qui est donc perçu par beaucoup à Kiev comme une forme de capitulation.
"L'Ukraine pourrait être confrontée à un choix très difficile: la perte de dignité ou le risque de perdre un partenaire clé", les Etats-Unis, a déclaré M. Zelensky dans une adresse vidéo à la nation, estimant que le pays traverse "l'un des moments les plus difficiles de (son) histoire".
A Moscou, Vladimir Poutine a lui jugé que le plan américain pouvait "servir de base à un règlement pacifique définitif" du conflit lancé en 2022. Il s'est dit prêt à une "discussion approfondie de tous les détails" du texte élaboré par Washington.
En cas de refus ukrainien, "les événements qui se sont produits à Koupiansk se reproduiront inévitablement sur d'autres secteurs clés du front", a-t-il menacé, en référence à une ville de l'est de l'Ukraine dont la capture a été revendiqué par son armée jeudi.
- "Paix digne" -
Des médias dont l'AFP ont publié ces propositions de 28 points soutenues par le président américain Donald Trump et qui demandent que Kiev cède des territoires à la Russie, renonce à intégrer l'Otan, réduise ses forces armées et organise des élections dans la foulée.
Evolution du contrôle territorial par la Russie en Ukraine et comparaison avec les propositions du plan américain vu par l'AFP le 21 novembre, pour les régions d'Ukraine concernées par ce plan ( AFP / Valentin RAKOVSKY )
Les propositions américaines augurent "une vie sans liberté, sans dignité, sans justice", a renchéri M. Zelensky. "Je présenterai des arguments, je persuaderai, je proposerai des alternatives", a-t-il encore dit, ajoutant: "Je ne trahirai jamais (...) mon serment de fidélité à l'Ukraine".
Dans la foulée, M. Zelensky s'est entretenu avec le vice-président américain JD Vance sur ce plan, assurant qu'il "continue de respecter" la volonté de Donald Trump de mettre fin à la guerre.
Le président ukrainien s'est également concerté d'urgence avec les dirigeants français, allemand et britannique, ses alliés en Europe.
"Nous travaillons sur le document préparé par la partie américaine" pour "assurer une paix réelle et digne" pour l'Ukraine", a-t-il déclaré sur X à l'issue de l'entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz.
Ces derniers ont appelé à trouver une solution au conflit en Ukraine impliquant "pleinement" Kiev, et assuré que toute décision nécessitait le "soutien conjoint et le consensus" des Européens et de l'Otan, a indiqué l'Elysée dans un communiqué.
Les secours s'affairent au lendemain d'une frappe russe qui a fait au moins 31 morts dont six enfants à Ternopil dans l'ouest de l'Ukraine le 19 novembre 2025 ( AFP / Vladyslav Musiienko )
"Rien ne doit être décidé sur l'Ukraine sans l'Ukraine", a martelé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, après un appel avec M. Zelensky.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui estimé que toute "solution de paix" pour l'Ukraine devrait respecter son "intégrité territoriale", à la veille d'une réunion du G20 à Johannesburg.
- Territoires perdus et armée réduite -
Un responsable américain a déclaré jeudi que le plan proposé pour l'Ukraine comprenait des garanties de sécurité de la part de Washington et de ses alliés européens équivalentes à celles de l'Otan en cas de future attaque, confirmant des informations de presse.
Selon ce texte, vu par l'AFP, Kiev devrait s'engager à ne jamais rejoindre l'Otan et n'obtiendrait pas de déploiement de forces occidentales sur son sol, même si le plan prévoit des avions de combat européens en Pologne pour protéger le pays.
Carte des zones d'Ukraine qui seraient reconnues de facto comme russes ou conservées par l'Ukraine selon le projet du plan américain vu par l'AFP, par rapport aux positions des forces militaires, au 20 novembre 2025 ( AFP / Valentina BRESCHI )
Il reprend plusieurs demandes formulées par le Kremlin de longue date et rejetées par Kiev auparavant, prévoyant notamment que l'Ukraine cède l'est du pays à Moscou et accepte l'occupation d'une partie du sud de son territoire.
Les deux régions du bassin minier et industriel du Donbass, Donetsk et Lougansk (est), ainsi que la Crimée annexée en 2014, seraient "reconnues de facto comme russes, y compris par les Etats-Unis", et Moscou recevrait d'autres territoires ukrainiens qui sont encore aujourd'hui sous le contrôle de Kiev.
La Russie verrait également son isolement à l'égard du monde occidental prendre fin avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions, ainsi que son souhait d'éloigner à jamais Kiev de l'Alliance atlantique entériné dans la Constitution ukrainienne.
Kiev devrait limiter son armée à 600.000 militaires et se contenter d'une protection par des avions de combats européens basés en Pologne, tandis que l'Otan s'engagerait à ne pas stationner de troupes en Ukraine.
A Kiev, le mot "capitulation" était vendredi dans toutes les bouches.
"J'espère vraiment que la partie ukrainienne refusera de mettre en oeuvre un tel accord", a déclaré à l'AFP Danylo Domsky, un étudiant de 18 ans.

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